OGM et abeilles : quels rapports ?

Commençons par définir un Organisme Génétiquement Modifié (OGM). Selon la directive 2001/18, un OGM est

un organisme, à l'exception des êtres humains, dont le matériel génétique a été modifié d'une manière qui ne s'effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison naturelle.

On peut donc faire taire les industriels et les scientifiques du secteur privé comme du secteur public, qui affirment que « des OGM on en a toujours fait ». En effet, la définition même rappelle que les OGM sont faits « pas naturellement » !

Un premier type d'OGM

Depuis environ 80 ans, des paysans et des agronomes ont constaté que le broyat d'une bactérie du sol, le Bacillus thuringiensis ou Bt, a un effet insecticide (il en existe en fait plusieurs). C'est donc un insecticide naturel, qui est autorisé aux paysans d'agriculture biologique puisque non chimique. Des scientifiques ont compris que cet effet est dû à une protéine et ont isolé le gène qui permet à la bactérie de synthétiser cette protéine insecticide que nous noterons aussi Bt. Ils ont alors mis un tel gène dans quelques cellules du type de plante visé (maïs, colza …) et les ont fait se multiplier. On notera que cette présentation mécaniste est en fait très incomplète (cf. notre site pour des compléments). Quel est l'argument en faveur d'une telle Plante GM (ou PGM) ?

Une telle plante produit la protéine Bt. Le fermier n'a donc pas besoin d'en mettre. Peut-on en déduire que cette PGM pollue moins ? C'est en tout cas, ce qu'affirment les industriels ! Pourtant, c'est faux, et nous venons de faire une énorme erreur de raisonnement car, après avoir constaté que le fermier ne met pas d'insecticide, nous en avons déduit que cette PGM pollue moins. C'est négliger la quantité d'insecticides produite par la plante dans toutes ses parties (y compris pollen) et dont elle est gorgée ! Hélas, il est très difficile d'évaluer cette quantité. Mais on a quelques études qui indiquent qu'une telle PGM synthétiserait entre 2.000 et 100.000 fois plus de Bt qu'une plante normale ne recevrait de ce même insecticide (pour comparer des choses comparables). Loin de polluer moins, elle pollue plus !

Un deuxième type de PGM

Des scientifiques ont trouvé un gène de résistance au Roundup ® qu'ils ont inséré dans différentes plantes (maïs, colza, coton, soja …). Ces plantes, dénotée RR, présentent un triple risque pour l'environnement.

Le premier risque est qu'elles peuvent se croiser avec des plantes naturelles de même espèce (des cultures par exemple), ou dont elles sont suffisamment proches. Par exemple on a prouvé qu'un colza peut féconder un autre colza distant de 26 km [http://www.ogmdangers.org/enjeu/economique/ ou Ramsay, G., Thompson, C., Squire, G., 2003. Quantifying land-scape-scale gene flow in oilseed rape. Final Report of DEFRA Project RG0216 ou http://www.scri.ac.uk/files/files/EPI/Agroecology/Landscape_scale_geneflow_in_oilseed_rape_rg0216.pdf ]. De plus, des repousses de colza peuvent survenir 10 à 15 ans après une culture !

Le deuxième risque est dénoncé depuis plus de 15 ans par les écologistes. Si l'usage du Roundup ® (par exemple) est généralisé, à la suite de la généralisation des PGM RR, la pression de sélection, qui encouragerait une plante qui se trouverait résistante à cet herbicide, serait grande. Alors que nous étions taxés de catastrophisme, la réalité nous a (déjà) donné raison dès 2009 puisque des plants d'amaranthe sont devenus résistants au Roundup par ce processus. Des millions d'hectares sont actuellement infestés par ces plantes aux EUA [Le Figaro 25/05/2012 Les Ogm ont perdu la guerre contre les mauvaises herbes]. Nous doutons que les promesses de gains de productivité (limités) par les industriels prennent en compte la destruction de l'outil principal de production : la terre !

Le troisième risque est nettement plus rare. Il arrive, fût-ce assez rarement, que des gènes soient transférés, horizontalement, entre un végétal et une bactérie du sol, quelles que soient les espèces. Si un gène Bt se retrouvait dans des bactéries du sol, les insectes qui lui seraient confrontés développeraient certainement des résistances …


Un enjeu environnemental
Qu'une PGM soit Bt ou RR, elle induit plus de pesticides. Que ce soit par nuisance directe sur les abeilles (qui boivent la rosée des PGM où l'exsudation de Bt est présente) ou indirecte (les pucerons sont intoxiqués par le Bt et ils intoxiquent à leur tour les abeilles), les OGM induisent un surcroît de dommages aux abeilles qui s'ajoute aux enrobages des semences par des pesticides (dont les néonicotinoïdes).

Ces nuisances encouragent les industriels à aller toujours plus loin, à utiliser des produits toujours plus puissants, plus toxiques. Ici l'agronomie rejoint la politique car si nous entrons dans une fuite en avant scientifique et technique, nous aliénons un pan de notre liberté, qu'on soit paysan, apiculteur ou simple citoyen. Nous pensons que l'amour de la liberté est très vivace chez les apiculteurs. Tant que ce sentiment sera aussi fort, nous n'aurons pas perdu la guerre.


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