Pollution chimique et OGM

Cette page a pour objectif de répondre à la question "Les OGM diminuent-ils la pollution ?".

On trouvera de nombreuses citations de scientifiques qui soutiennent que les OGM vont diminuer la pollution dans notre bétisier spécialisé sur cette question.

Que répond-on à un scientifique qui soutient que les OGM vont diminuer la pollution ?

La première attitude est de lui faire dire plus explicitement cet argument. Sinon, il va pouvoir faire marche arrière quand on l'aura coincé. Par quelques questions, vous arriverez à lui faire envisager deux possibilités :

Pourquoi c'est faux ? Nous allons y répondre successivement.

Cas d'une plante produisant un insecticide (Bt)

La première question est de savoir la quantité d'insecticide émise par la plante dans le champ et de la comparer à la quantité du même insecticide utilisée par les fermiers. Plusieurs arguments scientifiques indiquent que la quantité du même insecticide produite par l'OGM est nettement plus importante [1].

La deuxième question est de savoir si cette pratique ne va pas favoriser l'apparition d'insectes résistants à cet insecticide, nous privant de son usage. Or la réponse est oui !

Donc loin de diminuer (à moyen terme) la pollution, ils l'augmenteront forcément, même si de faĉon transitoire, ils la diminuent. De plus, les insecticides, qu'ils soient inclus dans les plantes (OGM) ou ajoutés par les fermiers, ont des effets non seulement sur les insectes ciblés, mais aussi sur leurs prédateurs (Cf. la méta-étude [Marvier]). Il a été prouvé qu'ils encouragent l'apparition d'insectes résistants (cf. notre communiqué sur l'apparition de résistances chez des insectes en champs).

Cas d'une plante résistant à un herbicide (Roundup par exemple : RR).

Même si c'était vrai à court terme, on est certain que la plante disséminera son gène à des plantes apparentées (c'est tout particulièrement vrai pour le colza, la betterave, mais même le maïs peut se croiser avec ... un autre maïs). C'est une contamination car il y a flux non intentionnel de gène. Donc à moyen terme, on aura fait des "mauvaises herbes" résistantes à cet herbicide comme cet exemple d'une triple résistance à un herbicide [Hall]. On devra donc utiliser d'autres herbicides ... plus polluants. A moyen ou long terme, ces OGM aussi ne peuvent qu'accroître la pollution.
L'autre phénomène qui se passe en même temps est que l'usage et l'abus de l'herbicide (le plus souvent total comme le Roundup ® ou le Liberty ®) encourage la multiplication de plantes résistantes à cet herbicide. Il ne s'agit pas là d'un catastrophisme, mais d'un phénomène déjà avéré (Cf. notre communiqué de presse).

Référence :

« les enquêtes récentes réalisées aux Etats-Unis montrent que le différentiel de consommation d'herbicides entre cultures transgéniques RR®, et non-TH [Tolérantes à un Herbicide], initialement en faveur des VTH [Variétés Tolérantes à un Herbicide], régresse en quelques années et devient défavorable pour le soja et le coton. Cet accroissement au fil du temps des quantités d'herbicides utilisées sur ces VTH s'explique d'une part par le recours curatif à des traitements herbicides supplémentaires : augmentation des doses et/ou du nombre de traitement ».
Rapport INRA/CNRS 17 novembre 2011

[1] Selon Charles Benbrook (ex secrétaire de l'Académie des Sciences des Etats-Unis en charge des quesitons d'agriculture), ce serait entre 10.000 et 100.000 fois plus. Cité dans "La guerre au vivant" de J.P. Berlan édité chez Agone.
Selon Darvas, ce serait environ 2.000 fois plus (en prenant en compte plusieurs aspersions alors des agriculteurs bio n'aspergent pas forcément).
On notera cependant que de telles mesures sont sujettes à grande variation. Un article de 2011 a montré que la variation des résultats de mesure pour un même échantillon par quatre laboratoires donne des résultats variant d'un facteur 6 comme on levoit dans [Szekacs]. Les entreprises fournissent cette information dans leur dossier de demande d'autorisation commerciale, mais elle n'est pas connue publiquement pour raison de confidentialité. Greenpeace Allemagne a ainsi pu prouver en 2007 que pour un même champ, la variabilité de présence peut être de 100% ! L'ENSSER réfléchit à un protocole uniforme car les chiffres ne sont donc même pas comparables.
[Szekacs] Inter-laboratory comparison of Cry1Ab toxin quantification in MON 810 maize by enzyme-immunoassay, András Székács et al. Food and Agricultural Immunology 14 nov. 2011
[Hall] Hall L, Topinka K, Huffman J, Davis L, and Good A. 2000. Pollen flow between herbicide-resistant Brassica napus is the cause of multiple-resistant B. napus volunteers. Weed Science 48: 688-694
[Marvier] M. Marvier et al., A Meta-Analysis of Effects of Bt Cotton and Maize on Nontarget Invertebrates, Science, 8 juin 2007, Vol. 316., no. 5830, pp. 1475 – 1477 analysé par le Guardian

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