Des risques inhérents au principe des modifications génétiques ?

Avant de décrire l'expérience précisément de Arpad Pusztaï, nous voulons souligner son enjeu.

Les scientifiques, en application stricte du principe de réductionnisme, considèrent que dans un OGM, les risques ne peuvent venir que du gène inséré, ou, éventuellement, des autres gènes réactivés, ou désactivés. Ils refusent qu'il puisse exister un risque intrinsèque.

Nous ne savons pas si un tel risque existe, mais nous pensons que les scientifiques sont trop fidèles à leur vision mécaniste, alors même qu'ils l'enseignent et disent qu'elle est fausse quand il leur faut vulgariser plus précisément.

L'enjeu de l'expérience de Arpad Pusztaï est justement de voir s'il y a un risque intrinsèque ou non. Pour cela, Pusztaï a utilisé des rats et deux lots de pommes de terre (A1 et A2 pour Aliments). Bien sûr, il utilise des lots témoins, mais nous n'entrerons pas dans ces détails évidents.

Le premier lot de pommes de terres A1 était génétiquement modifié pour contenir un gène de lectine. Une lectine est une substance dont A. Pusztaï est un des spécialistes au monde et celle qu'il avait choisie était relativement toxique.

Afin de pouvoir comparer ces pommes de terre avec des pommes de terre non OGM, il a pris son lot A2 dans lequel il a introduit la même quantité de lectine que celle émise par les pommes de terre OGM en injection. Il pouvait donc comparer ces deux lots d'aliments. A part la modification génétique (ainsi que l'éventuelle réactivation de gène ??), ils étaient identiques.

D'autre part, on sait très bien que la pomme de terre est toxique à l'état cru. Donc Pusztaï a divisé ses lots A1 et A2 et lots crus, ou bouillis avant de nourrir ses rats.

Il a constaté que les rats nourris avec les pommes de terre A1 avaient un retard de développement de plusieurs organes, ainsi que du système immunitaire par rapport à ceux nourris avec le lot A2.

La conséquence de cette expérience, si elle est confirmée, serait qu'il existe un risque intrinsèque au modifications génétiques. Certains tentent d'argumenter que ce serait dû à un ordre statistique en types de bases qui aurait été localement rompu ... Nous n'entrerons pas dans ces querelles de chapelles.

Toujours est-il que Pusztaï, après avoir fait sa découverte, et avant d'avoir demandé l'avis à ses pairs (par une publication), s'est exprimé devant une télévision locale en disant qu'il pensait qu'on nous prenait pour des cobayes. Le lendemain, il a été démissionné, ses ordinateurs mis sous cellés, ses cahiers de manip ont été saisis et il devait se défendre (sans cahiers de manip !).

Il a fini par faire faire publier un article dans la revue The Lancet [1], mais il a été menacé par un membre de la Royal Society, ... et les rapporteurs étaient mitigés sur son article. Six rapporteurs ont été requis alors que un à deux le sont d'habitude et encore ce sont des gens proposés par l'auteur de l'article ! Notons que A. Pusztaï, qui avait commencé son expérience en voulant prouver l'innocuité des OGM (ce qui montre encore plus son honnêteté), est maintenant à la retraite. La proximité d'un hâvre l'a peut-être libéré de contraintes internes à sa discipline. Il faut d'ailleurs remarquer que les plus virulents des scientifiques sont proches de la retraite ...

Bref, cette expérience soulève, encore une fois, plus de questions qu'elle n'en résout. Mais elle montre un peu que la Science n'est pas le monde pur et parfait où seuls les arguments et la valeur compte ...

On pourra consulter le site de Arpad Pusztaï : http://www.freenetpages.co.uk/hp/a.pusztai/ ou celui d'un collègue Senior Associate Professor à l'université de Coppenhague : http://plab.ku.dk/tcbh/Pusztaitcbh.html.Ou bien encore un article intitulé Genetically Modified Foods: Are They a Risk to Human/Animal Health? écrit par l'auteur lui-même. Cet article reprend la bibliographie scientifique qui est censée "prouver" l'innocuité des OGM. En détaillant les articles scientifiques un par un, il montre que non seulement il n'y a pas de preuve, mais il y a beaucoup de malhonnêteté (des rats otés d'une étude ...). Si vous lisez l'anglais, allez le lire !

[1] Ewen, S.W.B. and Pusztai, A. (1999b) Effects of diets containing genetically modified potatoes expressing Galanthus nivalis lectin on rat small intestine. The Lancet 354, 1353-1354.

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