Les Echos - 15 avril 2002
Monsanto : les semences de colza peut-être contaminées
par des OGM
En prenant les devants pour divulguer l'information, Monsanto espère
échapper à l'obligation d'un retrait massif de produits alimentaires,
comme celui qu'a expérimenté Aventis CropScience en septembre
2000 après la découverte de traces d'un maïs génétiquement
modifié, le starlink, dans plus de 300 spécialités alimentaires
alors que ce produit n'était autorisé que dans l'alimentation
animale. Aventis avait dû retirer près d'un million de tonnes de
semences du marché, ce qui était une première dans le principe
et dans l'importance. Les tests prouvant la présence d'OGM dans les graines
de colza n'ont pas encore été effectués, mais au Canada,
les graines étaient effectivement contaminées, ce qui donne à
croire qu'il en sera de même aux Etats-Unis. En cas de résultat
positif, Monsanto aurait donc commercialisé depuis trois ans des semences
contenant des OGM non autorisés. Monsanto, contrôlé à
85% par Pharmacia, se défend d'avoir fait courir le moindre risque au
consommateur, affirmant qu'il n'y a aucun danger en l'occurrence. Si la Food
and Drug Administration (FDA) refuse au groupe d'autoriser l'organisme génétiquement
modifié en cause, le GT 200, Monsanto ne sera pas pour autant astreint
à retirer ses produits de la vente, car rien ne le prévoit dans
la loi. En revanche, il est plus que vraisemblable que les lobbies anti-OGM
réclament ce retrait. Cela serait d'ailleurs une catastrophe pour l'industriel
américain, car les graines de colza entrent dans la fabrication de centaines
de produits. Le colza a beaucoup de succès en raison de son faible taux
en acides gras saturés. Le GT 200 a été créé
dans les années 1990 pour résister au Roundup, le très
célèbre herbicide de Monsanto. L'idée était que
les agriculteurs puissent utiliser ce dernier sans risque pour la plante. Environ
1,5 million d'acres de canola sont susceptibles de contenir le GT 200. Au Canada,
Monsanto a dû retirer des centaines de tonnes de ces graines, largement
exportées au Japon, qui n'en veut pas.
MJC