Sur la confiance en les Autorités de régulation (Inde)

Un évènement intéressant et significatif s'est passé pendant les consultations publiques en vue de l'autorisation éventuelle d'une aubergine Bt (émettant donc un insecticide) en Inde. Nous analysons ici les déclarations d'un déposant (version française), les réactions de l'entreprise et nous les mettons en perspective.

M. Tiruvadi Jagadisan a travaillé pendant vingt ans pour Monsanto Inde, dont huit années comme directeur général des opérations en Inde.

Il a témoigné que l'entreprise « avait trafiqué des données scientifiques » soumises aux agences de régulation gouvernementales pour obtenir des autorisations de commercialisation en Inde. Il a ajouté que « le bureau central des Insecticides [Central Insecticide Board] était censé donner ces autorisations sur la base de données spécifiques à une culture et un lieu en Inde. Mais il a uniquement accepté des données étrangères fournies par Monsanto. Il n'avait même pas une éprouvette pour valider les données et, parfois, les données elles-mêmes étaient trafiquées ».

M. Jagadisan, scandalisé aussi par la technologie Terminator a quitté Monsanto. Mais on peut craindre qu'il ait été remplacé par un employé plus jeune, désireux de "faire ses preuves" ...

Une deuxième étape aussi intéressante est venue quand un journaliste indien a demandé à un porte-parole de Monsanto de commenter. Il a répondu « Nous avons toute confiance dans le système de régulation indien, qui a mis en place des contrôles et mesures pour assurer de l’exactitude et l’authenticité des données qui lui sont fournies.» ... « Aucune culture d'OGM n'est autorisée avant d'avoir subi des tests de sécurité sanitaire intensifs et stricts, obéissant à des protocoles scientifiques rigoureux ».

Ces propos, qui ne répondent même pas à la question, apparaissent ainsi dans leur contexte pour ce qu'ils sont : de la simple "communication" naguère appelée propagande.

En France comme en Europe, tant des scientifiques que des industriels soutiennnent aussi qu'ils ont pleine confiance dans la régulation étatique[1] ... qu'ils ont contribué à mettre en place avec les gouvernements ! Les propos du porte-parole de Monsanto niés par un ancien employé de cette entreprise montrent par contre-coup qu'on ne peut pas avoir confiance en ces thuriféraires de la "régulation étatique".

Le cas de l'Inde ne doit pas faire illusion. C'est un pays qui détient de grandes compétences scientifiques et techniques. Donc leur système de "régulation" est forcément scientifiquement plus fondé, même si la science n'empêche ni la corruption ni la bêtise. Le Bangladesh ou le Burkina Faso n'ont pas ces compétences et peuvent donc encore moins envisager une quelconque régulation. C'est un des enjeux politiques des OGM.

Fait à Paris le 12 février 2010

Références :
[1] "La Commission européenne travaille sur des bases scientifiques approuvées par des autorités très sérieuses" selon le porte-parole du commissaire à la santé M. Dalli (Frédéric Vincent) le 20 avril 2010 (AFP).

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