Risques alimentaires chroniques : l'évaluation a de graves carences

L'agence en charge de la surveillance des aliments, qui étudie les études scientifiques des risques alimentaires faites par les industriels se contente de 90 jours d'étude au plus. Pourtant, des effets chroniques pourraient n'apparaître que sur des périodes plus longues. On connaît l'exemple du distilbène dont les effets n'apparaissent que sur les enfants des mères ayant reçu ce médicament.

Deux études scientifiques récentes montrent que les chercheurs trouvent ces risques si ils les ... cherchent.

Une étude [1] commandée par le gouvernement autrichien s'est intéressée à la fertilité de rats nourris avec un maïs OGM (NK603 x MON 810). L'étude, publiée le 11 novembre 2008, porte autant sur plusieurs générations (MGS) que sur plusieurs portées (RACB), ce qui n'avait jamais été fait avant.

Les résultats sont éloquents.

Les paramètres de production moyenne de la taille et du poids de la portée comme le nombre de petits sevrés sont en faveur du groupe contrôle. Ces différences ont aussi été vues avec l'expérience multiportées et sont statistiquement significatives aux 3èmes et 4èmes portées. Il y a aussi des effets sur les reins comme une étude de Gilles-Eric Séralini l'avait vu avec le MON863.

La conclusion de l'étude explique aussi que des données des organes analyss par microscope électronique indiquent qu'une interaction aliment/animal est apparue et devrait être plus investiguée.

Une autre étude, publiée le 14 novembre 2008 et demandée par le gouvernement italien par son équivalent de l'INRA (qui pourrait prendre exemple sur son homologue italien pour être plus ouvert), a été publiée sur les perturbations du système immunitaire de souris jeunes ou agées nourries avec du maïs OGM MON 810 (encore lui !) [2].

Les souris en cours de sevrage (21 jours) étaient nourries avec des OGM ou pas pendant 30 ou 90 jours et les souris agées (18 à 19 mois) pendant 90 jours. Les critères agronomiques simples (poids moyen du corps, ...) ne diffèrent pas entre le lot de contrôle et le lot nourri avec l'OGM.

Si le nombre total des lymphocytes ne diffère pas entre les deux groupes, le MON 810 induit des altérations dans le pourcentage de cellules T (des lymphocytes particuliers), B et de CD4+ (des récepteurs marqueurs de l'immunité souvent présent sur les lymphocytes T), CD8+, cdT, et abT chez les populations de souris vieilles ou en sevrage nourries pendant 30 ou 90 jours, respectivement dans le tube digestif ou dans des sites périphériques. Une augmentation de sérum IL-6, IL-13, IL-12p70, et MIP-1b après nourrissement avec du MON 810 est aussi trouvé.

On comprend mieux pourquoi les gouvernements ne requièrent que des études de toxicité aigue (à court terme). Le “Progrès” invoqué par les pro-OGM pour éviter de se poser des questions est bien le seul argument, en dernier ressort, des OGM. Mais ce n'est pas un argument.

L'association se félicite qu'une telle étude ait été faite, même si elle craint que les élites des sociétés industrielles n'aient pas le courage d'interdire tout OGM de l'agriculture et l'alimentation. C'est pourtant le souhait d'une majorité de français et la pétition organisée par l'association le rappelle.

Fait à Paris le 10 décembre 2008.

Références :

[1] Biological effects of transgenic maize NK603 x MON 810 fed in long term reproduction studies in mice. Dr. A. Velimirov, Dr. C. Binter, Univ. Prof. Dr. J. Zentek http://www.bmgfj.gv.at/cms/site/attachments/3/2/9/CH0810/CMS1226492832306/forschungsbericht_3-2008_letztfassung.pdf
[2] Intestinal and Peripheral Immune Response to MON810 Maize Ingestion in Weaning and Old Mice, Alberto Finamore, Marianna Roselli, Serena Britti, Giovanni Monastra, Roberto Ambra, Aida Turrini and Elena Mengheri J. Agric. Food Chem., 2008, 56 (23), pp 11533–11539 http://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/jf802059w

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