Les OGM ... et après ?

La France doit transposer ces jours-ci en droit national une directive européenne (2001/18 CE) visant à la coexistence des cultures OGM (plus exactement des Plantes Génétiquement Modifiées ou PGM) et cultures conventionnelles. Le gouvernement a soumis un projet de loi au Sénat qui l'a amendé et transmis à l'Assemblée Nationale pour examen en début avril.

Depuis dix ans que l'on débat de ces PGM, le niveau de connaissance de certains protagonistes n'a toujours pas monté. J'ai ainsi pu entendre un vice-président de l'Assemblée Nationale dire devant la Chaîne Parlementaire « les OGM on en fait depuis des centaines d'années ». Si il pense que la transgénèse ne diffère pas de la reproduction classique, pourquoi s'arrêter à des « centaines d'années » quand ce serait des milliards d'années ? Les promoteurs des PGM nous les vantent comme une révolution et commencent leur historique au néolithique (cf. le site de l'INRA par exemple). Il faudrait savoir ! Puisqu'un scorpion ne peut pas féconder un peuplier (sic), et qu'un peuplier transgénique avec un gène de scorpion a été fait1, leur propos est soit une erreur grossière, soit un mensonge. Même la définition par la Commission européenne d'un OGM leur donne tort : « organisme dont le patrimoine génétique a été modifié d'une manière qui ne s'effectue pas naturellement … ». Pas naturellement …

Les PGM diminuent-ils la pollution ? Il existe essentiellement deux types de PGM : ceux qui produisent un insecticide (appelés Bt) et ceux qui résistent (en le stockant) à un herbicide. Avec les PGM ce n'est donc pas fromage ou dessert, mais insecticide ou herbicide, ou les deux ! Prenons donc l'exemple d'un colza Bt. Puisqu'il produit un insecticide, on peut accepter (dans un premier temps) que le fermier n'a pas besoin d'en mettre. Peut-on en déduire que cette PGM pollue moins ? Eh bien non car la seule question scientifique serait de savoir quelle quantité de cet insecticide la PGM produit et la comparer à celle du "même" insecticide. Ca, ce serait de la Science. Mais ces questions futiles n'intéressent pas l'INRA qui n'a toujours pas de chiffre à nous proposer pour alimenter le débat … Sachant que l'insecticide est produit par toutes les cellules pendant toute l'année, on se doute que la réponse n'est pas en faveur des PGM. Deux études partielles évaluent à entre 2.000 et 100.000 fois plus du "même" insecticide produit par la PGM que par une plante conventionnelle. Vous avez dit « pollue moins » ?

Mais après tout, ces questions sont peut-être secondaires. Prenons un peu de recul et voyons ce qui se passe aux EUA. Les scientifiques et les politiques ont fait manger des PGM par les américains depuis 12 ans. On ne peut même pas en tirer de leçon car ils ne séparent pas les filières : sans témoin au sens scientifique, il n'y a pas d'expérience. Ces mêmes scientifiques et politiques viennent de décider de leur faire manger de la viande clonée. Il ne s'agit pas de discuter des risques, mais du monde que suppose et entraîne une telle décision. A force que chacun (scientifique, politique, ... et citoyen) soit le nez dans le guidon, on n'ose plus se poser la question « dans quel monde je veux vivre ? ». Pourquoi ? Pour ne pas être en reste contre les (méchants ?) américains ou pour « ne pas arrêter le Progrès ». Il ne pourra jamais y avoir de progrès s'il ne peut être approprié par les citoyens. Et même quand leur réaction paraît déraisonnable, elle n'est peut-être pas irrationnelle.

Nous ne demandons pas un risque zéro, mais un risque que nous pouvons assumer. C'est une question d'autonomie. Avec les OGM et les techniques toujours plus complexes qui laissent toujours moins de place à l'humain, au fragile, au mortel, à la maladie, à la faiblesse, nous voyons là une tendance lourde de nos sociétés industrielles. Celles-ci veulent plus de technique, concrètement plus de machines, alors que nous voudrions plus d'humanité.

C'est le sens de notre pétition qui demande l'interdiction des OGM dans l'agriculture et l'alimentation, ainsi que l'utilisation des crédits de recherche pour des recherches en agriculture biologique. Nous maintiendrons cette pétition après la loi car nous soutenons qu'elle doit être l'émanation de la volonté générale.

Pour toutes ces raisons et bien d'autres consultables sur notre site, nous continuerons de nous opposer à tout OGM dans l'agriculture et l'alimentation, non seulement pour ce qu'ils sont, mais aussi pour le monde qu'ils supposent et peut-être surtout pour le meilleur des mondes vers lequel ils nous entraînent.

Hervé Le Meur

Président de OGM dangers

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