Contre les OGM : un combat illégal mais pas illégitime

Une étude commandée par la Commission européenne l'a récemment montré : 71 % des européens refusent les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM).

Pourtant, il s'en est fallu de peu pour qu'à Bruxelles, le mois dernier, la même commission ne lève le moratoire sur les mises en culture des OGM. L'Europe va donc contre la volonté des européens !

Dans un même temps ou presque, la Cour de cassation confirme la peine de prison ferme pour René Riesel et José Bové parce qu'ils ont notamment détruit les plants de riz transgéniques de la CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement), un organisme de recherche publique pour les pays du Sud. Cet acte est certes illégal et il est revendiqué comme tel, au moins par René Riesel qui a d'ailleurs bien précisé ne pas demander la grâce présidentielle.

Mais la sanction est sévère en regard d'autres délits, sans commune mesure avec le fauchage de champs, et qui sont impunis ou peu sanctionnés. Cela nous prouve que l'Etat poursuivait un autre but : c'est d'autant plus clair lorsque l'on sait qu'il a " oublié " d'inculper les paysans indiens qui ont eux aussi participé à la destruction de ces plants. Il est vrai que des paysans du Sud qui refusent ce que le CIRAD fait pour eux, cela fait désordre ... S'ils avaient dû comparaître, il aurait fallu se demander si la recherche publique est bien à l'écoute de leurs demandes et non pas de nos entreprises ou de nos marchés dans ces pays.

Aujourd'hui les paysans sentent que les choses leur échappent. Beaucoup d'entre eux sont devenus des sortes de salariés des industries agroalimentaires. Et quand les biotechnologies leur proposent des plantes qui ne se ressèment pas, des plantes résistantes à un herbicide et l'herbicide qui va avec, ... ils voient bien que ce système leur confisque leur autonomie.

De plus, ce ne seront plus les paysans, si nombreux il y a encore un siècle, qui seront en amont de la chaîne alimentaire. Ce seront quelques entreprises ou Etats. Cet enjeu est aussi politique : si, demain, un pays refuse ce que les pays industrialisés lui imposent, il faudra qu'il trouve ses semences ailleurs ! Bref, la pax industria régnera sur le monde, mais la paix ne veut pas dire la Justice !

Pourtant les OGM ne sont pas une fatalité. Refuser qu'on nous les impose est légitime, même si c'est illégal. Ceux qui les refusent défendent leur autonomie, la qualité de leur travail, l'environnement, la biodiversité, notre santé, et aussi une certaine vision du monde et du vivant comme n'étant pas un jeu de mécano.

Par Dominique Firbal, Administratrice de l'association OGM : dangers (http://www.OGMdangers.org )

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